Aujourd’hui la trufficulture française et les trufficulteurs ont un grave problème à résoudre. En effet, celle-ci a vu, en cent ans, sa production passer de 1500 tonnes à 40 tonnes à peine. Pour repère significatif, le versant sud du Ventoux, au XIX siècle, produisait 400 tonnes de truffes, ce qui représente 10 fois la production actuelle !
Or, la France a besoin d’une centaine de tonnes supplémentaires annuellement pour répondre à la demande. Cela a une conséquence puisqu’en effet, les clients vont désormais acheter chez nos voisins, en Espagne et Italie. Dans ces conditions et à ce rythme, le découragement guette les valeureux trufficulteurs. Effectivement ils n’ont guère que leur passion, leur patience et un amour sans borne pour une culture magique liée à des terroirs sans pareils.
Alors que pouvons-nous faire pour lutter contre la concurrence étrangère et revaloriser nos trufficultures françaises ?
Premièrement, il faut sans attendre trouver un moyen de combler ce déficit d’une centaine de tonnes. Il est donc temps de sonner la reconquête qui passera par une mobilisation des trufficulteurs s’appuyant sur :
- Une activation lourde de la recherche appliquée, sans abandonner la recherche fondamentale qui est indispensable.
- La reprise des territoires perdus et délaissés, ainsi que des savoir-faire d’autrefois. Il est nécessaire de faciliter les défrichements lorsque ceux-ci sont nécessaires puisque la particularité de la truffe est de se satisfaire de terroirs chiches que la grande agriculture n’utilise plus.
- Faciliter la remise en état d’anciennes truffières, tomber pour certaines dans les Espaces Classés Boisés, intouchables et figés.
A partir de ces axes, des surfaces seront ainsi libérées et reconnues pour leur adéquation à cette culture particulière.
Ainsi, les trufficulteurs seront encore mieux conseillés sur les arbres à planter et les soins qu’ils devront patiemment leurs prodiguer. Les pépiniéristes, quant à eux, affineront leurs façons de mycorhizer les jeunes plants et cela avec une rigueur sans faille, tout autant que les contrôles qui devront devenir drastiques.
Parallèlement à la reprise de surfaces, il faut commencer à faire remonter la production moyenne à l’hectare, qui va de quelques kilos à des dizaines pour d’autres…
De plus, la cuisine française a de nombreux chefs cuisiniers. Ces derniers, ne connaissant pas bien le monde de la truffe, il est du devoir des trufficulteurs de les informer et de les inciter à utiliser cet ingrédient. Parce que avec quelques grammes de truffes, on peut faire des merveilles culinaires… De ce fait, la gastronomie diffusera ses aptitudes à attirer le touriste qui ne pourra que revenir, c’est certain ! Et en ces temps où le besoin de se nourrir sainement est devenu une revendication majeure, rappelons qu’il n’y a pas plus biologique que la truffe. Ainsi, à l’heure où le mot biodiversité est un vocable très en vogue, Claude MURAT, chercheur à l’INRA, nous apprend combien une truffière possède une biodiversité de première importance.
Autres considérations : La fiscalité.
Il est donc important de mieux adapter celle-ci pendant le temps souvent très long de la venue en production des jeunes plantations. C’est-à-dire organiser la transparence des transactions entre producteurs et acheteurs. Quant à la déclaration des revenus de la truffe, ses modestes montants la rendent très supportable.
D’autre part, le prétexte du maintien d’un certain mystère autour du monde de la truffe ne joue pas en sa faveur. Par exemple, l’identification de chaque vendeur par une carte dédiée, serait le meilleur moyen de lutter contre les vols.
Enfin, les demandes d’aides administratives devront être bien ciblées afin que celles-ci ne constituent un effet de guichet.
C’est donc un véritable plan Marshall pour la truffe drômoise et française que nous, trufficulteurs, devons promouvoir afin de pallier le problème du manque de production de la truffe noire.